Un récit des violences policières par une manifestante, "syndicaliste et Debout", écrit à chaud après la manifestation contre la loi Travail du 14 juin à Paris.
Aux Gobelins, les rangs sont très serrés. La manif part. Le cortège de tête est très vite chargé. Un jeune se fait choper. On essaie d’intervenir à plusieurs pour calmer le jeu et essayer de le récupérer. Un CRS finit par me dire laissez-nous faire notre travail. C’est alors qu’un homme un peu âgé surgit sur la chaussée la tête en sang encadré de CRS. Je demande alors au CRS si c’est ça son travail ?
Les CRS menottent le blessé qui est emmené sur le trottoir. On proteste,
on crie. Il est assis par terre. On demande qu’ils appellent les
pompiers.
Puis succession de charges : à gauche, à droite, à gauche, à droite.
Les CRS entrent dans la manif en hurlant, les matraques au clair. Des
gens tombent. Parfois, on arrive à dégager la chaussée des CRS à coups
de « cassez vous ». Parfois on court après eux pour essayer d’empêcher
une arrestation.
A un moment, ils relèvent sans ménagement des jeunes filles qui sont
assises sur le trottoir. Je finis par comprendre qu’une d’elle est
blessée à la tête. Ils les encerclent.
C’est alors qu’un médic me dit qu’ils ne soignent que des blessures au
crâne. Les flics cognent très fort et en priorité sur la tête. Beaucoup
de gens à la fin de la manif avec des bandages en effet... Je me dis
alors qu’ il faut que je vienne désormais casquée. Ce qu’il me conseille
vivement, me montrant une partie de son casque enfoncée par un coup de
matraque. Heureusement en effet qu’il avait son casque...
On repart après une énième charge. Les rangs sont un peu clairsemés quand une grenade lacrymogène arrive de derrière nous en rase motte et passe entre les jambes d’un manifestant devant nous.
Il s’affale de tout son long face contre terre et alors, l’horreur a
lieu : en tombant, il coince la grenade en feu entre son cou et le
bitume. Trois quatre personnes se précipitent sur lui pour dégager le
fumigène. Le gars ne bouge plus. Nous l’entourons nombreux et appelons
les médics et les secours. Nous sommes très nombreux autour à ce moment
là et les CRS chargent à nouveau sur nous pour nous dégager et prendre
position autour du blessé. C’est alors que collectivement, sans nous
parler, pensant à nos très nombreux blessés qui se sont vus mis en
examen et aussi hélàs à Romain D., nous nous battons contre les CRS pour
qu’on puisse continuer de nous en occuper et qu’ils dégagent. On y
arrive ; ils dégagent, mais dans la bataille, ils ont blessé deux autres
manifestants qui sont à terre juste à côté du grand blessé. Une pluie
de lacrymos continue de nous atteindre. C’est l’enfer. On crie pour
qu’ils arrêtent. Un grand cercle se forme autour des blessés. On porte
secours aux trois blessés, dont un se relève déjà et on asperge les
medics de maalox parce que les gaz sont violents.
Les pompiers vont enfin arriver mais on insiste pour chacun soit
accompagné dans le fourgon par une personne et ils le seront. Quelques
applaudissements saluent nos deux blessés, histoire de se donner un peu
de chaleur et de soutien...
On repart. Nouvelles charges. Le camion à eau fait son entrée et asperge les manifestants qui sont un peu en contrebas.
On repart, toujours dans les gaz et les grenades de désencerclement. Toujours régulièrement chargés.
Arrivés à hauteur de l’hôpital des Invalides, on s’assoit sur des barres qui servent de parking pour les deux roues. On se repose en se disant qu’on va repartir un peu en arrière rejoindre le cortège syndical.
C’est alors qu’une ligne de CRS arrive au loin, contenant la progression
de la manif. Nous sommes sommés de nous lever et on repart alors avec
cette deuxième tête de cortège : deux rangées de CRS nous faisant face
et nous empêchant de progresser. On arrive comme ça à Invalides.
Puis le camion à eau asperge la place déjà engloutie sous les lacrymos.
J’essaie de revenir en arrière pour retrouver mon compagnon. J’arrive
au même parking à motos et je vois juste un peu plus loin, un double
cordon de CRS qui bloque la manif. Je comprends alors qu’ils veulent
dégager la place avant de nous laisser arriver.
Nous sommes alors violemment chargé.e.s et gazé.e.s. Ca pleut de
partout. Un manifestant me rince les yeux avec du sérum. Je ne vois plus
rien. Les cortèges syndicaux tournent dans une rue perpendiculaire pour
échapper au déluge. Un SO se fait charger et gaze à son tour les CRS.
Je reste sur l’axe principal et c’est alors que dans une brume compacte
je vois un manifestant sur le côté avec un trou dans la cuisse et qui
saigne. Des gens le secourent. Un peu plus loin, même scène : un gros
trou dans la cuisse et ça saigne beaucoup. Je me mets autour du gars
secouru par plusieurs personnes car les lacrymos pleuvent et je crains
une charge avec le gars à terre. Ses amis décident de le porter plus
loin en arrière car on n’arrive plus à respirer. Je distribue des
pulvérisations de maalox jusqu’à épuisement. Je n’arrive plus à
secourir et soulager...
J’ai des camarades qui sont là, je leur donne le nom et le tèl d’une avocate militante. Puis je remonte encore vers l’arrière car il est impossible d’avancer ; des camions coupent désormais la route derrière les CRS.
C’est alors qu’un copain de Nuit Debout me voit et me demande de
l’aide pour un gars qui est très blessé et les secours n’arrivent pas.
Le gars est couché dans l’entrée du monceau fleurs fermé. Il a pris une
grenade de désencerclement dans l’entre-jambes. Il est brûlé sur toute
cette zone, son pantalon est en lambeaux et il souffre beaucoup.
Les pompiers arrivent une heure après le premier coup de tél. c’est très
long, beaucoup trop long, quand on voit la violence avec laquelle nous
sommes chargé.e.s, gazés, visés au flash ball et aux grenades.
Je repars avec mon compagnon, mon fils et quelques camarades en direction de Montparnasse. Mon fils s’est pris un coup de matraque sur la tempe, mon compagnon s’est battu avec les flics en civils mais nous n’avons rien de grave compte tenu des blessures que les CRS ont encore provoquées ce jour.
Le cortège n’a encore pas pu arriver à son terme. Le défilé a été interrompu. Mais nous étions des centaines de milliers dans la rue, tou-te-s très uni.e.s, personne ne reprochant rien à quiconque. Conscient.e.s de l’adversité que nous affrontons et qui nous soude. Le cortège de tête était encore plus massif, toujours aussi déterminé et extrêmement attentif les un.e.s aux autres.
Les cortèges syndicaux ont pris aussi beaucoup de violences policières.
Mais ce soir, malgré tout ça, nous restons invincibles, car nous ne pouvons pas perdre. Ou plutôt nous ne méritons pas de perdre. Nous préparons déjà demain et les jours suivants.
Jusqu’à la victoire.
Une manifestante, syndicaliste et Debout.
https://paris-luttes.info/en-tete-de-cortege-mardi-14-juin-a-6146?lang=fr
Ergänzung
Ein erster Bericht eines Teilnehmers an der gestrigen Demontration in Paris gegen das loi travail. Die Bullen sind von Anfang an mit unglaublicher Brutalität vorgegangen, erneut wurden die Schockgranaten einfach in Kopfhöhe zum Einsatz gebracht, teilweise auch fernab jeglicher Konfrontation. Hunderte dürften gestern verletzt worden sein. Am Vormittag werden heute noch 44 Leute von den Bullen festgehalten, bereits gestern abend gab es erste Solidaritätsaktionen, sowie mehrere Spontandemos, u.a. gegen 22:00 Uhr eine manif sauvage vom Platz der Republik aus mit um die 1000 Leute. Hier dann auch etwas Barrikadenbau und Glasbruch bei Banken und erneut massive Gewalt durch die Bullen.
Videoberichte von der Demo :
https://www.youtube.com/watch?v=HM9IZCGJ1J4
https://www.youtube.com/watch?v=QdXF6zYSRE4
https://www.youtube.com/watch?v=5kheUyX3jU8
https://www.youtube.com/watch?v=mCn-lAQCDBU
Video von einem Angriff mit Schockgranaten und der Situation danach:
https://www.youtube.com/watch?v=DY46-uMFN1o
Übersetzung dazu
Hier eine Übersetzung des Artikels.
agents provocateurs?
erstes video, ab minute 18:07. was genau passiert hier? warum wird ein mensch verprügelt und danach von "autonomen" der zugang verwehrt?
Was passiert
Der Mensch wird von Zivilbullen verprügelt, die dann ihre "Beute" sichern...
Weiterer Bericht von einem/r Teilnehmer/in aus Lyon
http://rebellyon.info/Recit-de-la-manif-du-14-juin-a-Paris-par-16650