3 octobre Iran la résistance au régime d'Ahmadinejad continue

30 ans de luttes contre ceux qui ont confisqué la révolution anti-monarchiste et anti-impérialiste de 1979

Le vendredi 18 septembre 2009 des dizaines de milliers d’iraniens ont manifesté dans les grandes villes en Iran. L’autorisation de cette manifestation est une routine qui dure depuis 30 ans. Cette « journée de Jérusalem » qui est une journée de « solidarité avec la Palestine » a été instituée par Khomeiny afin qu’un jour Jérusalem soit libérée de l’occupation juive et revienne aux musulmans.

L’organisation des manifestations à l’occasion de cette journée de « solidarité » de la part du régime était un rituel bien rodé destiné à démontrer la « légitimité » politique et idéologique de la république islamique. Pour la première fois, cette année, ces manifestations ont eu lieu avec une forte participation d’iraniens désavouant le régime et mettant en cause le système islamique. Les manifestants se sont ainsi approprié un outil majeur de propagande du régime pour le retourner contre lui afin de le discréditer. Depuis l’institution de cette journée par Khomeiny, il n’y avait jamais eu une telle participation de la population.

 

Ceci montre que le mouvement du peuple iranien qui a commencé, en juin 2009, pour contester la fraude électorale, s’est transformé en un mouvement qui exprime son souhait de se débarrasser du système de la République Islamique dans sa totalité. Toutes les couches populaires ont participé à ce mouvement et les femmes ont tout à fait naturellement trouvé leur place à la tête de ce mouvement tant il est vrai que tout changement démocratique en Iran est aujourd’hui indissociable de la conquête de la liberté et de l’égalité pour les femmes.

 

L’abolition de toutes les lois inégalitaires et les sanctions islamiques contre les femmes sont le minimum nécessaire pour réaliser une démocratie en Iran. Le premier pas pour une telle réalisation est la séparation de l’état et la religion. Ces dernières semaines, après la répression du mouvement du peuple iranien, les femmes gardent le flambeau de ce mouvement sous différentes formes. Nous pouvons citer l’exemple du rassemblement hebdomadaire des familles des prisonniers politiques exécutés au cours des années 80 ainsi que des mères des victimes du mouvement récent en Iran qui revendiquent le jugement des assassins de leurs enfants et des responsables et commanditaires des crimes contre les peuples d’Iran restés impunis depuis 30 ans.

 

La bande de Khamenei-Ahmadinejad joue la fuite en avant avec une répression sanglante du peuple iranien. Le régime veut se venger de la jeune génération qui a montré, au cours de ses luttes récentes pour la liberté, qu’elle ne se fait aucune illusion sur les valeurs réactionnaires du pouvoir en place.

 

La répression tourne à la Terreur. Les gardiens de la révolution, les bassidjis (milices islamistes) ainsi que les hommes en civils sont lâchés comme des meutes sur la population. Le pouvoir met en scène l’apologie de leurs crimes : les assassins de Neda ont pu expliquer la légitimité de leur démarche au cours d’émissions télévisées !

 

Les corps brûlés de Taraneh MOUSSAVI et de dizaines d’autres jeunes ont été retrouvés quelques temps après leurs assassinats, parfois précédés de viols. Ainsi le régime de la République Islamique utilise, en plus de ces méthodes traditionnelles de la répression, les méthodes des dictateurs latino-américains.

 

Moussavi et les autres dirigeants du courant vert, tentent par leur action de sauver ce qui peut l’être d’un système dont la faillite est aujourd’hui patente. Ils s’inscrivent dans la continuité d’un régime discrédité et qu’ils ont toujours servis.

 

Ces dirigeant verts, voyant les jeunes victimes de tortures et viols dans les prisons entrer en contact avec leurs aînés, anciens prisonniers politiques, pour dénoncer la barbarie dans les prisons du régime, n’hésitent pas à affirmer que la torture est une pratique récente en Iran, propre au gouvernement d’Ahmadinejad, et sans rapport avec les gouvernements précédents et avec le système de la république islamique. Ainsi ils veulent tromper l’opinion publique en masquant le fait que la torture et le mépris des libertés publiques ont toujours été consubstantiels à la République Islamique.

 

Les deux factions du régime sont en négociations avec les impérialistes. Tous deux essaient d’obtenir des impérialistes le soutien nécessaire afin de représenter leurs intérêts en Iran. Les deux factions essaient de se faire une place dans l’opinion publique occidentale.

 

La bande de Khamenei-Ahmadinejad, avec leurs slogans légèrement « anti occident » essaient de tromper les forces anti-impérialistes en occident et au Moyen-Orient, surtout en Palestine, et réunir leur soutien. Le gouvernement d’Ahmadinejad, en pleine pose anti impérialiste, n’en collabore pas moins étroitement avec les forces impérialistes en Irak et en Afghanistan.

Il faut se remémorer le scandale de l’« Iran Gate » dans les années 80 ; le gouvernement de Moussavi, alors « ouvertement » anti-Israélien, achetait ses armes à Tel Aviv…

 

Malheureusement un certain nombre des forces anti impérialistes et progressistes se laissent facilement impressionner par ces poses ; en soutenant ce régime, ils se mettent, en réalité, en face du peuple iranien qui veut indépendamment de toutes les forces réactionnaires et impérialistes, créer une société libre et démocratique.

 

Le manifeste du peuple Iranien tient en ces mots : « Non à la République Islamique, Non aux impérialistes ». Il se déclinait, au cours des manifestations du vendredi 18 septembre 2009, en ces slogans : « séparation de la religion et de l’état », « à bas le dictateur », « Nous voulons une république iranienne », « liberté, laïcité », « Ahmadinejad-Netanyahu – même combat », « l’Iran est devenue la Palestine »,…

 

Le courant vert à l’extérieur du pays, avec les moyens et le soutien des impérialistes, tente de canaliser, de s’approprier et de détourner la solidarité de la diaspora iranienne. Plus le peuple iranien montre dans sa lutte quotidienne sa ligne de démarcation avec toutes les factions du régime, plus le courant vert, dans ses déclarations politiques comme dans ses démarches, insiste sur la « nécessité de réparer le système de la République Islamique» en réduisant la lutte du peuple iranien à de simples élections présidentielles. Pour la « journée de Jérusalem», qui est bien un symbole de l’islam chiite, le courant vert à Paris a appelé à une manifestation devant la grande mosquée de Paris.

 

Une partie des personnalités progressistes et de gauche sont tombés dans le piège de ce courant en portant symboliquement la couleur verte à différentes occasions.

 

Quelques états occidentaux en mettant à la disposition de courant vert des grands moyens matériels, médiatiques et financiers, en soutenant ce courant, veulent s’ingérer dans les affaires internes du peuple iranien. Ainsi ces Etats reprennent leur politique de 1979 qui était une politique de soutien au fondamentalisme islamique et a permis l’accession au pouvoir de Khomeiny dont la principale oeuvre a été de faire barrage à la révolution. Dans le cadre de cette politique d’ingérence, la lutte du peuple est réduite à servir les guerres internes des factions du régime et les intérêts des pays capitalistes.

 

Le peuple iranien continue sa lutte émancipatrice pour une société libre sans exploitation. Cette lutte montre l’anti-fondamentalisme de ce peuple et sa divergence profonde avec ce régime contrairement aux préjugés longtemps nourris par les médias occidentaux. Ces médias qui cherchent toujours à couler les mouvements progressistes dans le monde soit dans le moule impérialiste ou dans le moule fondamentaliste, sont aujourd’hui en face d’un mouvement qui marque son indépendance vis-à-vis de ces forces réactionnaires.

 

Le mouvement populaire récent en Iran, a toutes les spécifiés d’un mouvement spontané. C’est pourquoi un des devoirs des forces progressistes dans le monde est de renforcer les éléments révolutionnaires et progressistes de ce mouvement. Aucun mouvement spontané sans organisation et sans horizon politique clair, n’aboutira à une démocratie. Le devoir des forces progressistes iraniennes à l’extérieur du pays et aussi les forces internationalistes du monde est de soutenir ces luttes. Mettre un terme à la République Islamique, affaiblira trois décennies de fondamentalisme dans le monde.

 

Le soutien massif à la lutte du peuple iranien par les peuples du monde entier est une réaffirmation du fait que la lutte pour la réalisation d’une société de justice et de liberté dans un coin du monde concerne la majorité des habitants de la planète ; une majorité qui pense à la construction d’un autre monde : au-delà de l’ordre capitaliste et machiste actuelle.

 

Pour le mouvement spontané actuel en Iran, il est aujourd’hui vital d’une part, de dénoncer les ruses et les manoeuvres des forces réactionnaires au niveau national et international, qui tentent de le dévier et d’utiliser son énergie au profit de la réparation du système répressif actuel et d’autre part, de soutenir et mettre en valeur les révolutionnaires et progressistes de ce mouvement et d’essayer de lui donner un perspective claire de libération et en premier lieu de l’émancipation des femmes de tout oppression fondée sur la différence des sexes ou de classe !

 

mouvement des femmes iraniennes et afghane du 8 mars

 

http://www.8mars.com/language/index.htm